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Cross-Border

Cross-Border

Définition et origine du terme

Le terme anglophone Cross-Border signifie littéralement « transfrontalier ». Il désigne toutes les activités, processus ou situations qui ont lieu au-delà des frontières nationales. Dans l’usage international, « Cross-Border » s’est imposé comme désignation standard pour tous les processus impliquant au moins deux États ou systèmes juridiques différents. L’expression se retrouve souvent associée à d’autres notions telles que « Cross-Border-Transaction » (opération transfrontalière), « Cross-Border-Merger » (fusion transfrontalière) ou « Cross-Border-Litigation » (litige transfrontalier).

Signification dans le contexte du cabinet

Dans le milieu du cabinet, Cross-Border il s’agit notamment du traitement de mandats, dossiers ou projets impliquant plusieurs pays, ordres juridiques ou zones économiques. Cela inclut, par exemple, le conseil lors de fusions d’entreprises internationales, la résolution de questions juridiques pour des livraisons transfrontalières ou l’accompagnement de clients ayant des activités économiques dans plusieurs États. Les thématiques Cross-Border prennent une importance croissante avec la mondialisation et l’intégration internationale des marchés et constituent une part incontournable du quotidien de nombreux cabinets.

Les missions typiques dans le contexte « Cross-Border » comprennent la coordination entre différents systèmes juridiques, la collaboration avec des confrères à l’étranger ainsi que la prise en compte de normes, réglementations et accords internationaux.

Cadre : aspects juridiques, organisationnels et culturels

Cadre juridique

Les activités transfrontalières sont soumises à diverses réglementations nationales et internationales. Parmi les principaux défis juridiques figurent notamment :

  • Différences entre systèmes juridiques : Les différences juridiques entre les États impliqués doivent être identifiées et harmonisées.
  • Accords internationaux : Les traités tels que la Convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises, les accords bilatéraux de protection des investissements ou les conventions de double imposition influencent l’évaluation et la structuration juridiques des opérations transfrontalières.
  • Reconnaissance et exécution : L’exécution de contrats ou de jugements à l’étranger pose souvent des exigences particulières, car tous les États ne reconnaissent pas aisément les décisions étrangères.

Cadre organisationnel

Les projets Cross-Border exigent fréquemment :

  • Coordination de plusieurs parties : Coopération entre équipes de conseil issues de différents pays et disciplines.
  • Communication : Utilisation de langues de travail (généralement l’anglais), coordination entre fuseaux horaires et recours à des outils numériques de collaboration.
  • Obligations de documentation : Respect des exigences nationales concernant la rédaction des contrats, la documentation et le reporting.

Aspects culturels

Outre les défis juridiques et organisationnels, les différences culturelles jouent également un rôle :

  • Culture de la négociation : Styles de communication et attentes différents lors des négociations contractuelles.
  • Usages commerciaux : Les pratiques locales peuvent influencer l’exécution des contrats et la collaboration.

Exemples pratiques et scénarios typiques

Au quotidien, le « Cross-Border » se rencontre surtout dans les contextes suivants :

  • Fusions & Acquisitions (M&A) : Les fusions et acquisitions impliquant des entreprises internationales sont généralement soumises à plusieurs systèmes juridiques.
  • Cross-Border Litigation : Les litiges comportant des parties ou des objets de contestation issus de différents États nécessitent une coordination des particularités procédurales.
  • Contrats de travail à dimension internationale : Les salariés sont employés dans différents pays, ce qui soulève des questions spécifiques en matière de sécurité sociale, fiscalité et droit du travail.
  • Transactions immobilières : Acquisition ou cession de biens immobiliers avec des parties étrangères ou dans d’autres pays.
  • Contrats de livraison & litiges commerciaux : Les livraisons ou prestations transfrontalières nécessitent une rédaction contractuelle spécifique et le respect des réglementations internationales.

Différences avec des termes similaires et confusions possibles

Le terme « Cross-Border » est souvent confondu ou utilisé de façon synonyme avec d’autres termes internationaux, mais il présente des différences spécifiques :

  • International : Tandis que « international » désigne en général les opérations entre États, « Cross-Border » se réfère explicitement au franchissement de frontières et au changement de droit qui en découle.
  • Multi-juridictionnel : Ce terme insiste sur l’implication de plusieurs systèmes juridiques, alors que « Cross-Border » est utilisé dès qu’un second État entre en jeu.
  • Transnational : Parfois utilisé comme synonyme, il désigne toutefois plutôt des contextes plus larges, souvent organisationnels ou politiques, sans nécessaire franchissement de frontière concret.

Des confusions surviennent, par exemple, lorsque des situations purement nationales avec un lien international sont à tort qualifiées de « Cross-Border », alors qu’elles relèvent simplement du droit international (comme l’application de la Convention de Vienne à des opérations domestiques).

Questions fréquemment posées (FAQ)

Que signifie concrètement Cross-Border dans le contexte d’un cabinet ? Cross-Border concerne des situations de conseil et d’encadrement impliquant plus d’un pays ou système juridique, par exemple pour des opérations internationales, des fusions ou des litiges.Quelles compétences sont nécessaires pour travailler sur des dossiers Cross-Border ? Outre la connaissance de différentes réglementations juridiques, la compétence interculturelle, la maîtrise des langues – notamment l’anglais – et la capacité à travailler en équipe dans des contextes internationaux sont requises.En quoi les mandats Cross-Border se distinguent-ils des affaires strictement nationales ? Les mandats Cross-Border requièrent la prise en compte de différentes situations juridiques, la coordination avec des équipes ou clients étrangers et généralement un effort de coordination accru.Existe-t-il des secteurs où les questions Cross-Border sont particulièrement pertinentes ? Les secteurs très internationaux, tels que l’industrie, les sociétés de négoce internationales, les prestataires de services financiers ou les entreprises technologiques, sont particulièrement confrontés aux problématiques Cross-Border.Quand une situation peut-elle être qualifiée de Cross-Border ? Dès lors qu’au moins deux États sont concernés ou qu’une opération, une transaction ou un contrat présente une dimension transfrontalière.


Le terme « Cross-Border » désigne ainsi, dans le contexte du cabinet, tous les processus transfrontaliers et s’avère, compte tenu de l’interconnexion internationale de l’économie, du commerce et de la société, une composante essentielle du quotidien professionnel. Travailler sur des mandats Cross-Border requiert, outre une précision juridique, également des compétences organisationnelles ainsi qu’une sensibilité interculturelle.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les règles juridiques à respecter pour les échanges de marchandises transfrontaliers au sein de l’UE ?

Pour les échanges de marchandises transfrontaliers au sein de l’Union européenne (UE), ce sont principalement les règles du marché intérieur, qui garantissent la libre circulation des biens selon l’art. 28 et suivants TFUE (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne), qui s’appliquent. Cela signifie qu’aucun droit de douane ou restriction quantitative ne peut être imposé entre États membres. Sont également interdites les règlementations nationales limitant la circulation des biens de manière disproportionnée, sauf si elles se justifient pour des raisons impérieuses d’intérêt général (par exemple, la protection de la santé publique). Outre le droit de l’Union, il convient néanmoins de respecter les exigences nationales telles que les règles de sécurité produit, les obligations d’étiquetage ou les dispositions fiscales (notamment TVA). Les entreprises doivent s’assurer que leurs produits répondent aux exigences locales du pays de destination, des différences nationales pouvant subsister dans certains domaines (comme pour la législation alimentaire ou chimique).

Quelles particularités fiscales s’appliquent au commerce Cross-Border de marchandises ?

En matière de TVA, il est crucial de savoir s’il s’agit d’une livraison intracommunautaire (au sein de l’UE) ou d’une exportation (vers un pays tiers, hors UE). Les livraisons intracommunautaires sont généralement exonérées de TVA, dès lors que le vendeur et l’acheteur sont des entreprises et que l’acheteur dispose d’un numéro de TVA intracommunautaire valide. Ces opérations doivent être déclarées auprès de l’Office central fédéral des impôts dans la déclaration récapitulative. Pour les livraisons vers des pays tiers, il faut prouver que la marchandise a bien quitté le territoire pour bénéficier de l’exonération. En outre, dans la vente à distance (B2C), un seuil de 10 000 EUR/an s’applique dans toute l’UE depuis le 1er juillet 2021 ; au-delà, l’obligation fiscale est en principe transférée dans le pays de destination. La procédure One-Stop-Shop (OSS) permet une déclaration unifiée auprès de l’administration fiscale nationale.

Quelles règles spécifiques de protection des consommateurs s’appliquent au e-commerce transfrontalier ?

Dans le Cross-Border E-Commerce, l’entreprise doit respecter en priorité la législation du pays de résidence habituelle du consommateur, si elle cible activement ce pays (art. 6 du règlement Rome I). Les éléments centraux de la protection du consommateur incluent le droit de rétractation, les devoirs d’information, les prix, la protection des données ainsi que les règles relatives aux garanties commerciales et à la conformité. Bon nombre de ces prescriptions sont partiellement harmonisées au sein de l’UE via des directives, mais il subsiste des différences nationales, notamment sur la durée de la garantie. Les commerçants doivent informer les consommateurs de manière claire et compréhensible, dans la langue du pays concerné, sur leurs droits. Des informations insuffisantes ou erronées peuvent entraîner une prolongation du délai de rétractation ou des manquements sanctionnables au droit de la concurrence.

Quel rôle jouent les règles d’origine et de préférence dans le commerce Cross-Border ?

Le droit de l’origine est déterminant pour établir de quel pays un produit provient officiellement, ce qui peut avoir des conséquences sur les tarifs douaniers, les restrictions commerciales et les taux de préférence. Dans le cadre d’accords de libre-échange de l’UE avec des pays tiers (par exemple avec le Canada, la Corée du Sud ou le Japon), la preuve de l’origine préférentielle permet une réduction ou exonération des droits de douane, sous réserve du respect de règles d’origine spécifiques (comme une transformation suffisante). Les entreprises doivent documenter avec soin la chaîne d’approvisionnement et la création de valeur de leurs produits. Des fausses déclarations peuvent entraîner des régularisations et des poursuites pénales. Dans l’UE, les règles d’origine du Code des douanes de l’Union (CDU) ainsi que les protocoles d’origine des accords s’appliquent par exemple.

Quelles obligations de protection des données doivent être respectées dans le cadre d’opérations Cross-Border ?

Dans les opérations Cross-Border, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE est particulièrement important. Il s’applique à toute entreprise traitant des données personnelles de personnes concernées situées dans l’UE, que l’entreprise soit ou non établie dans l’UE. Lors d’un transfert de données vers des pays tiers (hors EEE), des garanties spécifiques doivent être mises en place, telles que des décisions d’adéquation de la Commission européenne, des clauses contractuelles types ou des règles internes contraignantes en matière de protection des données (Binding Corporate Rules). Les entreprises ont l’obligation d’évaluer les risques transfrontaliers liés à la protection des données (par exemple lors de l’hébergement ou via des sous-traitants) et de prendre des mesures techniques et organisationnelles en conséquence. Des violations du RGPD peuvent entraîner des amendes substantielles.

Quelle juridiction est compétente en cas de litige dans le commerce international ?

La compétence juridictionnelle internationale est en principe déterminée par le règlement Bruxelles I bis pour les affaires civiles et commerciales au sein de l’UE. En règle générale, la juridiction compétente sera celle du pays où le défendeur a son domicile ou son siège. Pour les contrats, le tribunal du lieu d’exécution de l’obligation contractuelle peut également être compétent. En B2C transfrontalier, des règles spéciales de protection du consommateur s’appliquent, permettant au consommateur d’agir en justice à son lieu de résidence. Par ailleurs, les parties peuvent convenir d’une clause attributive de juridiction – sous certaines conditions. En dehors de l’UE, la compétence dépend du droit national ou d’accords bilatéraux/internationaux applicables tels que la Convention de La Haye sur les accords d’élection de for.

Quelles particularités s’appliquent à la protection de la propriété intellectuelle dans le contexte Cross-Border ?

La protection des marques, des dessins et modèles ou des brevets est en principe limitée à un territoire. Pour une protection dans plusieurs pays, il convient de déposer une demande dans chaque pays cible ou de recourir à des systèmes internationaux comme l’Union européenne (marque de l’Union, dessin ou modèle communautaire) ou à des accords internationaux (Arrangement de Madrid, Accord de La Haye, Traité de coopération en matière de brevets – PCT). En cas d’atteinte, la défense des droits dépend du droit du pays de protection et peut nécessiter des démarches parallèles dans plusieurs juridictions. Les entreprises doivent également vérifier si leurs offres transfrontalières portent atteinte à des droits de tiers dans les pays concernés. Spécifiquement dans le commerce en ligne, il existe un risque de « violation boule de neige » où la simple présence en ligne peut entraîner des mises en demeure ou des poursuites à l’étranger.